Tu veux savoir ? De Johan Heliot (AD HEL) s'inscrit dans la catégorie 4ème – 3ème (13 - 15 ans). Découpé en neuf nouvelles, ce roman emmènera son lecteur dans un collège pas comme les autres...

Tout commence avec « L'ami qu'il te faut », où un enfant achète un ami chien robot plutôt réaliste... Vient ensuite « Requête non valide », un court chapitre (2 pages), mais qui donne à réfléchir. La troisième nouvelle, « Un moteur divergent », est l'une de nos préférées : un enfant réalise un travail sur Internet. Sa recherche refait totalement l'Histoire, si bien que l'Europe plonge sous la domination des nazis ! L'idée est bonne et le récit ne manque pas de rebondissement.

« Vendredi c'est hachis » nous a plu pour son ambiance effrayante et tellement réaliste ! Cette vengeance fait froid dans le dos !! Mais nous ne vous en disons pas plus, ce sera à vous de vous plonger dans l'intrigue... Notre dernier coup de cœur va pour « Tu veux savoir », où une jeune fille a découvert un service SMS magique qui répond aux questions les plus intimes...

Le livre comporte également quatre autres nouvelles qui appartiennent plutôt au domaine de la science-fiction et du fantastique. Il y a par exemple « Les remplaçants » où l'on découvre qu'un enseignant a été remplacé par un cyborg, ou encore « Ton meilleur copain© ! » qui met en avant le pouvoir des machines sur l'Homme... « Multiplication » transporte le lecteur dans un véritable voyage dans le temps ! Attention tout de même aux paradoxes !! Tu veux savoir ? se termine avec « La fin de l'éternité », un chapitre mettant en scène un garçon qui a le droit à un vœu... Et il a intérêt à bien choisir...

La plume de Johan Heliot est fluide, agréable et juste. Ses mots débordent d'humour sarcastique, ce qui plaira aux adeptes du second degré. Si les nouvelles sont toutes différentes, elles ont tout de même quelques similitudes : dans chacune d'elles, on trouve de l'action, du suspense, de la technologie et de la manipulation... De plus, les récits finissent souvent de façon sombre.

Ces histoires sont un appel à la réflexion : l'homme se détruit peu à peu et laisse une place grandissante aux machines... Nous avons apprécié le fait de retrouver plusieurs personnages au fil des chapitres, ainsi que la continuité de l'ouvrage : si un élève disparaît dans une nouvelle, ses camarades se demanderont où il est passé dans une autre. Bref, Tu veux savoir ? est un petit bijou que nous recommandons à tous les adeptes de romans noirs !

L’Étincelle d’or de Éric Boisset (AD BOI) est un roman qui s'inscrit dans la catégorie 4ème – 3ème (13 - 15 ans) et qui aborde les thèmes du fantastique, de l'amitié et de la tolérance. Cette œuvre rentre donc plutôt bien dans notre mois sur "L'Autre".

Le récit tourne autour de deux héros bien différents, mais qui vont produire des « miracles » à leur façon... Il y a d'abord Chadi, un ado libanais surdoué, dont le père travaille dans une clinique en Seine-et-Marne. Le jeune homme est doté d'une intelligence hors du commun, mais son apparence gothico-punk et sa voiture de luxe effrayent les jeunes de son âge qui refusent de lui parler. Tout va changer lorsqu'il rencontre Erwan, un jeune de banlieue drôle et sociable. Ensemble, les deux garçons vont accomplir un prodige qui bouleversera les lois de la nature ! En fait, tout aurait pu aller pour le mieux si un groupe de dangereux criminels n'avait pas fait son apparition dans la ville...

Ce livre est une pépite ! Le récit rondement mené tient en haleine son lecteur et le surprend jusqu'au point final. En plus d'une trame peu commune, Eric Boisset joue avec nos sentiments... Et il réussit plutôt bien ! Très vite, on apprécie les personnalités de chaque personnage. Erwan, qui a la répartie et l'humour très prononcés, nous a épaté. D'ailleurs, sa relation avec Chadi est touchante. Il apprend à son ami comment donner sens à sa vie grâce aux petits plaisirs quotidiens comme les bonbons. A l'inverse, Chadi lui enseigne ce qu'est la culture et la littérature. Nous nous sommes aussi attachés à Bachir, le garde du corps qui cache un lourd secret. Cet homme est aussi tendre qu'impressionnant...

Nous avons apprécié que tout ne soit pas rose : les relations ados-parents, les communications souvent conflictuelles, les remises en question de chacun, les criminels qui s'approchent progressivement de la famille de Chadi, … Cela change des ouvrages jeunesse/ado que l'on lit d'habitude ! C'est sans doute pour cela que nous avons mis ce livre dans le rayon « coup de cœur ados »...

Plusieurs gourmands se sont donnés rendez-vous à la médiathèque le mercredi 05 février, pour une heure du conte / crêpes-party. Petits et grands ont donc écouté des histoires sur la Chandeleur... Mais certains n'étaient pas très attentifs, car ils sentaient la délicieuse odeur des crêpes en train de cuire ! Très rapidement, tout le monde s'est retrouvé à table pour prendre un bon goûter ! Crêpes au Nutella, au sucre, à la confiture, au caramel, … Il y en avait pour tous les goûts !! ;-)

October Jones est un auteur de blog anglais connu sur la toile pour son humour. Son Tumblr « Text from dog » (clic), qui met en scène son chien, a fait le tour des réseaux sociaux !! Les internautes ont récemment découvert un de ses passe-temps lorsqu'il est dans le train : il dessine. Attention, il ne gribouille pas les gens qui l'entourent, ni ce qu'il voit à travers la vitre. Non, non ! Avec ses feutres et ses post-it, il s'amuse à remplacer la tête des autres passagers par des dessins de personnages célèbres (dessins animés, bds, films, jeux vidéo, …). Ensuite, il photographie sa création à l'aide de son portable. Ses petits jeux de perspective et de couleur sont géniaux !

La créativité et l'humour de cet artiste nous ont conquis. Maintenant, nous savons ce qu'il nous reste à faire lorsque l'on prend le train ! Que pensez-vous de ce blogger ? Et vous, que faites-vous pour vous occuper dans les transports en commun ? N'hésitez pas à découvrir d'autres photos sympathiques d'October Jones en cliquant ici !

Victor et Philomène de Claire Renaud (RJ REN) s'inscrit dans la catégorie CM1 – CM2 (9 - 11 ans). Ce petit roman tourne autour de la tolérance, du handicap et de la confiance en soi. Il rentre donc parfaitement dans notre mois sur "L'Autre".

Victor est le premier de sa classe, mais c'est surtout un garçon solitaire et complexé, car il souffre d'un handicap à la main. Celle-ci est assez mal fichue et ressemble à une pince... Du coup, tout le monde l'appelle « le Crabe ». Un jour, arrive Philomène, une fille très timide. Etant renfermée sur elle-même, comme si elle était dans une coquille, sa classe décide de l'appeler « l'Escargot ». Victor décide de faire sa connaissance, de se faire apprécier pour ce qu'il est, de ne plus être seul. Il le sent : cette fille est différente des autres élèves...

Le récit est aussi drôle qu'émouvant. Nos scènes favorites sont celles des premières rencontres, notamment à la récréation, lorsque Victor tente des approches balbutiantes avec son goûter. Les deux amis dévorent les biscuits de la même façon : par les côtés d'abord. Pour notre héros, cela signifie forcément quelque chose ! Il faut savoir que le père de Victor raconte qu'il est tombé fou amoureux sa femme quand il a réalisé qu'elle mangeait son yaourt comme lui (en léchant le couvercle d'abord). C'est tellement adorable... Alors pourquoi cela ne marcherait pas pour Victor et Philomène ?

Le style d'écriture est faussement enfantin, plutôt bien tenu et vraiment fluide. Même si on devine déjà comment tout ceci va se finir, on s'attache vite aux personnages. On s'attendrit devant ces deux solitaires qui se rapprochent... Ainsi, on espère que la chance leur sourira et que chacun arrivera à surmonter leur obstacle (le regard de l'autre et le poids du handicap). Voilà pourquoi nous vous recommandons fortement cet ouvrage qui vous transportera dans une aventure sympathique et attendrissante.

Chien Pourri de Colas Gutman (RJ GUT) s'inscrit dans la catégorie CE1 – CE2 (7 - 9 ans). Ce roman jeunesse exploite les thèmes de la tolérance et de la famille. Il rentre donc parfaitement dans notre mois sur "L'Autre".

« Chien pourri » mérite bien son nom : il sent la sardine moisie, il a plein de puces ou de mouches qui lui tournent autour et son pelage ressemble à une serpillière dégoûtante. Pour ne rien arranger, il est aussi bête qu'il est moche... Pourtant, le pauvre Chien pourri se sent bien seul. Il décide alors de trouver un maître rien que pour lui : quelqu'un qui l'acceptera pour ce qu'il est et qui l'aimera comme il se doit ! Hélas, les gentils maîtres ne courent pas les rues, et le vaste monde se révèle truffé de pièges...

Chien pourri est d'une naïveté parfois affligeante, cependant il reste tout de même attachant. Bien que sa quête consistant à trouver un maître frise l'impossible, la pauvre bête y met tout son cœur... Le lecteur comprendra vite (s'il ne le savait pas déjà) que ce qui compte n'est pas ce dont on a l'air, mais ce que l'on possède à l'intérieur ! Rien ne vaut l'entraide et l'amitié... Une morale un peu niaise, néanmoins ce point négatif est renversé par l'histoire qui est bourrée d'humour. En effet, les jeux de mots ne manquent pas et feront sourire les adultes. Sans oublier les illustrations hilarantes qui s'intègrent bien dans la lecture.

Le saviez-vous ? : Il existe une suite à Chien pourri : Joyeux Noël, Chien pourri ! Une autre est prévue pour bientôt (Chien pourri irait à l'école). Vous pourrez donc retrouver cet adorable cabot un peu idiot et son ami Chaplapla dans de nouvelles aventures.

Victor n'est pas du genre studieux. En fait, il préfère écouter la musique toute la journée, passer du temps avec son copain Haïçam ou bien taquiner les filles en cachant le papier toilette de l'école… Marie-José est son opposée : véritable génie absolue, elle s'impose très vite comme première de la classe. Il ne faisait pas attention à elle, jusqu'au jour où elle lui vient en aide pour un devoir de mathématiques.

Très vite, il apprend qu'elle a besoin de lui. En effet, la jeune fille lui avoue qu'elle est en train de devenir aveugle et que ses parents veulent l’inscrire dans un institut spécialisé. Cette situation la chagrine, car cette décision l'empêche de passer un concours national pour une prestigieuse école de musique. Victor va alors faire croire à tout le monde que Marie-José voit encore. Ce mensonge tiendra-t-il jusqu’à la fin de l’année scolaire ?

Comme beaucoup de lecteurs, nous avons été touchés par ces personnages si atypiques. Aucun d’entre eux ne tombe dans la caricature des adolescents (souvent uniquement préoccupés par leur physique et par l’amour). Et pourtant l’amour n’est jamais loin dans ce roman. Notre coup de cœur va d'abord pour Victor, le héros de l'histoire. Peu peu, on va le voir s'épanouir auprès de Haïçam et Marie-José. Déterminé à aider ses amis, il va aller jusqu'à passer pour un idiot à la cantine. Cette scène est d'ailleurs drôle et touchante. Ses compagnons sont également indispensables : ils savent beaucoup de choses et ont tous un rôle à jouer dans le récit. Enfin, les personnages secondaires valent également le coup d'œil. Citons par exemple Lucky Luke, le CPE.

Le style d'écriture de Pascal Ruter est agréable. On appréciera d'ailleurs le fait que la cécité de la jeune fille est traitée sans pathos. Qu'on se le dise : Le cœur en braille est un roman bouleversant ! On passe du rire, à l'angoisse, voire à la peine. Nous avons aimé plusieurs passages, notamment le bulletin de notes, les exercices de maths, ou encore les poèmes d'amour. N'hésitez pas à emprunter Le cœur en braille de Pascal Ruter (AD RUT), vous ne le regretterez pas !

La petite marchande de rêves de Maxence Fermine (AD FER) est un roman qui s'inscrit dans la catégorie 6ème – 5ème (11 - 13 ans). Il plonge le lecteur dans un rêve étrange, drôle, féerique et parfois angoissant.

Alors que le jeune Malo se rendait à une fête organisée pour son onzième anniversaire, sa voiture est percutée par un bus et tombe dans la Seine. L'enfant est alors aspiré par un hublot situé au fond du fleuve, puis se retrouve dans le Royaume des Ombres, un univers étrange en noir et blanc... Ici, les habitants sont aussi singuliers que fascinants. Il y a, par exemple, un arbre qui parle, un vieux chat de 213 ans, un magicien assez fou, une jolie petite marchand de rêve au regard d'or, ainsi que des spectres malfaisants, … Malo, qui cherche à tout prix à rentrer chez lui, se fait malheureusement ensorceler par un dangereux alchimiste. S'il ne réussit pas le défi qu'on lui demande de relever, il sera condamné à rester dans le Royaume des Ombres...

Les personnages sont assez loufoques, si bien que l'on a immédiatement songé à Alice au Pays des Merveilles, ainsi qu'au livre Bal de Givre à New York, dont nous vous avions parlé dans cet article. Chaque créature rencontrée apporte une touche complémentaire au texte et permet de situer la morale de l'histoire. Notre coup de cœur est bien évidemment Lili, la petite fille représentée sur la couverture de l'ouvrage. C'est grâce à elle que Malo explore le Royaume des Ombres ou avance dans sa quête.

Malgré ce que l'on croit, le livre ne parle pas d'un univers magique où tout est rose. Un adulte comprendra vite le parallèle entre les gens dans le coma (les ombres) et les morts (les spectres). C'est une manière douce et non traumatisante d'évoquer cet état au travers des yeux d'un enfant. Nous avons donc apprécié la magie des mots qui se dégage de la plupart des dialogues ou des descriptions.

L'écriture de Maxence Fermine est vraiment poétique, si bien que le livre se lit agréablement et assez rapidement. Nous aurions toutefois espéré plus de détails. En dépit des belles images qui nous sont offertes, nous avons été un peu frustrés par la fin... Malgré tout, la lecture fut bonne et nous la recommandons à nos jeunes adhérents ou aux plus grands qui aiment les contes d'enfants.

Petit plus : Nous avons adoré les dessins qui sont le fruit d'un concours organisé par les éditions Michel Lafon. Ils illustrent certains passages du roman, notamment les rencontres de Malo.

L'été pop de Vincent Cuvellier (AD CUV) s'inscrit dans la catégorie 6ème – 5ème (11 - 13 ans). Ce roman pointe du doigt les émissions musicales et la tolérance. Il rentre donc parfaitement dans notre mois sur "L'Autre".

Michel est un petit garçon comme les autres : il s'amuse souvent dehors avec ses amis, il va à l'école et joue de la caisse claire dans la fanfare du petit village où il passe ses vacances. Un jour, il croise la route de Mario, qui vit chez les hippies, mal considérés par le reste de la population. Malgré leur rencontre difficile, une amitié se tisse peu à peu. Mario a un talent : il sait merveilleusement bien chanter. Repérés à une fête du village, les deux garçons sont invités à participer à une émissions sur les jeunes talents, présentée par Guy Lux.

L'histoire comporte quelques passages assez drôles, mais également des instants qui laissent en émoi. Le style de Vincent Cuvellier est fluide, assez proche du « parlé », notamment au début du livre. Même si le texte aborde les années 70, un jeune lecteur fera certainement le lien avec des situations quotidiennes ou des émissions actuelles comme The Voice ou La Nouvelle Star.

Nous avons vraiment apprécié le passage dans les loges et sur le plateau de la télévision. La critique est habile, bien écrite et dite en « toute innocence » par l'intermédiaire de Michel. On y découvre les arrangements non pas musicaux, mais commerciaux, qui font grincer des dents ! Guy Lux joue un modèle de bateleur rôdé à toutes les astuces, tandis que Richard Mercier, un jeune Québécois ayant interprété La Colombe, fait penser à la fois aux petits chanteurs à la croix de bois et à Céline Dion. Mario va renverser les mœurs en chantant à sa façon, avec une musique qui lui plaît et non ce qu'on lui impose. D'ailleurs, il se fiche éperdument que ce qu'il interprète dérange les goûts musicaux des bien-pensants de l’époque.

Pour aller plus loin : Découvrez la playlist de L'été pop sur Youtube !

Le silence et la haine (320.56 COM) est divisé en deux témoignages. Le premier se passe à Paris : Ali et Fouad, deux adolescents arabes, reviennent d'un concert au beau milieu de la nuit. Hélas, ils font la rencontre d'un groupe de jeunes skin-heads qui commencent à les insulter, puis qui décident d'en venir aux mains. Aveuglés par la rage, ils aspergent les deux garçons avec de l'essence... Le second récit tourne autour de Maria, une femme victime d'un pogrome. Attaquée sous prétexte d'appartenir au « peuple des Roms », elle subit insultes, agressions et, bien sûr, persécutions...

On ne vous le cachera pas : ce livre est très dur. Il montre des situations de discrimination extrême, mais qui existent toujours dans certains endroits du monde... A travers ses deux histoires tirées de la réalité, Marie-Agnès Combesque a volontairement souhaité choquer son lecteur. Elle souhaitait pointer du doigt ce qui relève du quotidien, afin de faire réagir face à cette banalité de la violence raciste.

Les chapitres sont rédigés sous forme de témoignages et contiennent des expressions que l'on entend souvent à l'oral. Cela donne une profondeur plus importante aux deux récits. De plus, le lecteur se met plus facilement dans la peau de ces personnages rejetés et haïs uniquement pour ce qu'ils sont. Etre transformé en torche vivante juste à cause de la couleur de peau est tout simplement horrible... Quant à la jeune Maria, on ne peut qu'avoir de la peine pour ce qui lui est arrivé...

Malgré certains passages dépassés, ce documentaire romancé reste tout de même d'actualité. En effet, le racisme est toujours présent... Et ce rejet se fait des « deux côtés »... Peut-être que grâce à cet ouvrage, certaines personnes apprendront qu'il ne faut pas passer par la violence, ni par les insultes. Curiosité, envie d'ouvrir les yeux sur un univers que l'on ne connait pas toujours, venez découvrir Le silence et la haine de Marie-Agnès Combesque.