[Nouveauté] L'homme sans tête de Sergio Gonzalez Rodriguez (R GON)
Certaines personnes aiment lire les romans qui dénoncent et expriment des faits réels. L'homme sans tête de Sergio Gonzalez Rodriguez (R GON) fait partie de ces ouvrages qui vous marquent ou qui vous laissent perplexe lorsque vous refermez le livre. Ici, l'auteur analyse le phénomène de la décapitation à partir de situations de plus en plus fréquentes au Mexique : on retrouve régulièrement des corps tranchés ou des têtes exposées à la vue de tous. Simple envie de tuerie ? Signe d'avertissement ? Découvrez vite cette enquête insolite dont la narration est truffée de données culturelles et politiques.
Avec l'homme sans tête, il n'y a pas vraiment d'histoire. Il s'agit plutôt d'une réflexion hétérogène sur l'« hyper-violence » dont souffre le Mexique et, plus largement, les sociétés contemporaines. Nous avons trouvé que les techniques littéraires étaient très semblables à des ouvrages connus comme Gomorra, Ma part d'ombre ou De sang froid : on retrouve donc un mélange entre essai et enquête journalistique. Au fil des pages, le sujet sera abordé avec des interviews, des photographies, des essais, de la mythologie, de la littérature, des analyses d'oeuvres artistiques et des éléments autobiographiques. Il y a donc un réel croisement des genres qui enrichit vraiment l'ouvrage.
On découvre que ces décapitations ne sont pas uniquement réalisées par des trafiquants de drogue mexicains, mais également par de nombreux Al-Qaida qui diffusent ce geste d'une extrême violence sur internet. Là, on touche à un nouveau domaine : la médiatisation de l'horreur. Cela aboutit à un point que l'auteur n'hésite pas à aborder : la fascination pour les extrêmes comme le cinéma gore (Saw, Détour Mortel, Scream, etc.).
Ce livre dénonce la véritable apogée de la violence dans le monde et critique les phénomènes de sacrifices humains qui sont réalisés par les narcotrafiquants. Ces dernier utilisent la décapitation pour intimider, faire peur et surtout envoyer un message d'une cruauté sans limites à autrui. Sergio Gonzalez Rodriguez met aussi un point d'honneur à démontrer que le barbarisme, la corruption et l'émergence des cultes criminels ne sont pas une fiction. C'est hélas une réalité dans laquelle le monde d’aujourd’hui s’enfonce...
Nous déconseillons cet ouvrage aux lecteurs sensibles, car même s'ils sont vrais, de nombreux passages sont pénibles et dérangeants. Le roman est tellement poignant que les lecteurs ont attribué des notes excellentes (environ 4/5). Pour notre part, nous n'avons pas osé aller jusqu'au bout... C'était trop difficile... Qu'on se le dise : ce livre administre une violente claque par écrit. N'importe qui en ressort abattu, révolté et choqué. Et si cela arrivait chez nous ? L'effondrement des frontières entre représentation et réalité peut-il aller jusque là en Europe ? Les auteurs de ces actes barbares sont-ils vraiment rationnels ? Comment comprendre cette culture de la peur ? Tout ceci paraît invraisemblable, et pourtant, cette réflexion menée par l'auteur est très bien documentée. La lecture est donc aussi intéressante que éprouvante...